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Le miscanthus pour la litière : l’essayer, c’est l’adopter ?

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Cette culture, simple à cultiver et parfaitement adaptée aux conditions climatiques du bassin de l’Adour, devrait prendre de plus en plus de place dans le paysage local.

Le miscanthus (plante en C4 implantée pour 20 ans) fait sa place dans les Pyrénées-Atlantiques, département dans lequel il est très bien adapté en raison de l’eau et du soleil. Compte
tenu des résultats menés autour des essais en litières herbivores, notamment suivis par la Chambre d’agriculture des Pyrénées- Atlantiques, cette culture devrait prendre très certainement de plus en plus de place dans le paysage local. Outre sa conduite culturale très simple, puisqu’on le laisse pousser puis sécher sur pied, cette plante ne nécessite presque pas d’engrais et de produits phytosanitaires hormis l’année d’implantation. Par ailleurs, elle stocke près d’une tonne de CO2 par hectare et par an.
Le miscanthus se récolte sec (N.D.L.R. : lorsqu’il atteint moins de 17 d’humidité), autour du mois de mars, avec une ensileuse équipée d’un bec Kemper. Ses usages principaux sont la litière, la biomasse pour chaufferie et le paillage. De nombreux autres usages sont à l’étude notamment en bioplastique et en construction en isolant vrac ou bloc isolant.

Usages variés
En litière herbivore, il peut être utilisé de deux façons selon le type de bâtiment et l’accessibilité de l’aire de couchage à un tracteur pour un hersage quotidien pendant que les animaux sont aux cornadis. Ainsi, si l’on ne peut pas accéder facilement en tracteur, la conduite en litière accumulée est recommandée: elle se fait comme avec la paille par superposition de couches régulières au regard du salissement des animaux. Des essais avec cette conduite ont été réalisés en bergerie d’engraissement ovin viande à l’EARL du Bosquet et en aire de couchage de vache allaitante au GAEC Augareils. Les quantités mises en place sont deux fois moins importantes qu’en paille. La mise en place et la reprise sont faciles car les brins ne font que 2 cm de longs et ne sont donc pas enchevêtrés. L’éleveur ovin a trouvé aussi qu’il y a moins d’odeur d’ammoniac dans la bergerie. Les animaux n’ont pas semblé être perturbés par le produit et sont restés propres malgré des impasses dans les apports en comparaison à la paille.
Il peut également être utilisé en sous-couche de box à veaux par exemple, il contient mieux les jus d’après les éleveurs l’ayant testé. Si un tracteur équipé d’une herse rotative ou d’un chisel peut entrer dans le bâtiment, une conduite malaxée compostée peut être mise en place. Il s’agira alors de faire une couche épaisse de 20 à 25 cm de miscanthus qui sera remuée idéalement quotidiennement. En le remuant, le miscanthus donnera son plein potentiel : dans le cas contraire, les jus n’iront pas jusqu’en bas et une croûte de surface se formera, maintenant alors l’humidité. Quasiment plus aucun apport n’est ensuite réalisé. Lors de l’essai ovin lait mené au sein de l’EARL de Burgues, le miscanthus a été conduit de cette façon du 6 mars au 13 décembre soit plus de 9 mois sans apports complémentaires. La saison estivale a toutefois permis une bonne ventilation du bâtiment (N.D.L.R. : fait très important dans ce mode de conduite) avec des animaux sortis quotidiennement, quasiment durant toute la durée de l’essai. Le miscanthus est également en cours d’essai du côté du GAEC au fil du Saison en stabulation pente paillée : la plante semble bien y être adaptée et les apports sont réduits par rapport à la paille. Enfin, si aucun n'est encore suivi par le réseau de la Chambre d’agriculture, les aviculteurs sembleraient être, eux aussi, de plus en plus nombreux à l’utiliser avec satisfaction.

Pas de pertes d’unités fertilisantes
Bien qu’il y ait eu deux fois moins de volume de fumier en miscanthus, les analyses de fumier et les volumes estimés sortis montrent qu’il n’y a pas eu de perte d’unités fertilisantes maîtrisables sur l’exploitation. Il est donc plus concentré. Toutefois, il se rapproche plus d‘un amendement que d’un fertilisant avec un C/N entre 20 et 25 suite aux analyses de fumiers systématiquement réalisées en sortie de bâtiment.
Le point commun aux litières miscanthus est une montée importante en température les 15 premiers jours de mise en place, le temps que l’écosystème de la litière se mette en place. Un essai en vaches laitières a d’ailleurs été arrêté à cause de ce facteur. Un autre essai en vaches laitières s’est poursuivi et les éleveurs ont trouvé le produit intéressant. Les suivis de températures ont ensuite montré des températures de surface en moyenne légèrement inférieures à la litière paille. D’un point de vue économique, la litière miscanthus est compétitive à la paille depuis qu’elle dépasse les 100 €/t rendus… Mais il se distingue s’il est autoproduit car son coût de production est faible grâce à sa conduite simple.
En autoproduction, le paillage revient 2 à 3 fois moins cher qu’avec de l’achat de paille. Son inconvénient est lié au stockage car il est peu dense, 125 kg/m3.
Pour stocker 1 ha de miscanthus, il faut compter environ 35 m² au sol sur 3 mètres de haut de préférence sous hangar bétonné (pour faciliter sa reprise). En revanche, il peut facilement être contenu grâce à un mur de botte de paille car, léger, il a peu de poussée horizontale. 
Sur les 6 essais suivis, 5 exploitations continuent à l’utiliser et 3 en cultivent (ou ont pour projet d’en planter) ce qui leur a permis un peu plus d’autonomie en paille et de moins subir le cours de la paille. Il faut bien sûr rester vigilant en fonction du bâtiment que vous avez et au volume de stockage nécessaire.
Si vous souhaitez le tester, avoir un appui à la mise en place de la culture ou à la conduite de la litière, nos services sont disponibles.

Contact : Ludivine Mignot chargée de mission agriculture biologique - Chambre d’agriculture 64